« Quand le beau temps revient
, les cieux à qui déplaisent les tempêtes et les pluies, dissipent le chagrin de lair et le font se réjouir et rire ; et quand les nues voient lair ragaillardi, elles sébaudissent, et, pour être avenantes et belles et oublier leur deuil, elles se façonnent des robes de toutes les couleurs et mettent leurs toisons sécher au beau soleil qui resplendit et les vont charpissant par les airs.
Alors lair prend le manteau bleu quil vêt volontiers en Inde, sen affuble, et met tout son soin à se parer coquettement pour recevoir et festoyer les nues à leur retour. Les nues, pour créer le monde, ont coutume de prendre en leur poing un arc, ou deux, ou trois, à la volonté, qui sont appelés arcs-en-ciel, dont nul, à moins dêtre savant en optique, ne sait comment le soleil les bariole
.Celui qui serait curieux de lapprendre devrait se faire disciple dAristote qui écrivit mieux les choses de la nature que nul
Alhazen, qui nétait pas non plus un sot, composa le Traité des Regards : le clerc naturaliste qui veut savoir ce que cest que larc-en-ciel doit consulter ce livre ; il doit avoir aussi des notions de géométrie dont la connaissance est nécessaire pour les démonstrations du Traité des Regards
»
Guillaume de Lorris et Jean de Meung , Le Roman de la rose.
Ecrit v.1280, le Roman de la Rose présente sous une forme poétique la somme du savoir scientifique médiéval de son époque.
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