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La musique

Le concept grec de « musique » se définissait comme « la science de la fabrication des mélodies ». Au Moyen Âge, la musique était une branche des mathématiques. Elle se basait sur la mesure exacte des sons et des intervalles entre les tons. Cette mesure pouvait être effectuée sur la corde vibrante d’un instrument théorique, le monocorde ou d’un instrument réel tel que le luth à manche court, le ‘ûd, le luth à manche long (le tunbûr) ou encore la vièle (le rabâba). Les sons émis par la corde pressée par le doigt s’exprimaient sous la forme de rapports numériques. La théorie des « doigtés » (asâbî’) consistait à étudier un système acoustique sur la touche du luth et définissait huit modes musicaux différents: les maqâmat . L’immense majorité des modes musicaux arabes était constituée par sept degrés à l’octave (heptatonique).

De nombreux savants, au nombre desquels Ishâq al-Mawsilî, Mansûr Zalzal, al-Fârâbî, Safî al-Dîn, al-Kindî et ibn Sina (Avicenne) s’intéressèrent aux pratiques musicales empiriques autochtones, aux instruments, aux systèmes théoriques déjà en cours chez les Grecs, les Byzantins, les Sassanides, etc.

Malgré l’impulsion d’al-Mawsilî et d’ibn Ziryab, les maîtres de la musique arabe de l’Âge d’or n’ont jamais, semble-t-il, popularisé la transcription de leurs œuvres musicales (par des notes), qui étaient essentiellement transmises oralement, permettant ainsi aux notations musicales personnelles d’être jalousement gardées, ne connaissant aucune diffusion afin de garantir leurs propriétaires contre les plagiats. Le principe de la transmission était donc auditif, reposant sur la mémoire de musiciens, plus praticiens que théoriciens.

Al-Fârâbî,
Le Grand Livre de la musique
Le Caire, Bibliothèque nationale d’Egypte, cote talat 88.

Al-Fârâbî, célèbre musicologue du monde islamique, aborde ici la mesure précise des intervalles entre les trous qui donnent les sons du mizmar.
Al-Fârâbî, mort à Damas en 339 H. / 950 ap. J.-C., définit la musique comme capable de stimuler le divertissement, l’imagination et les passions. Il la considérait toutefois inférieure à la poésie qui véhiculait les mots. Il étudia la question des intervalles et des huit genres. Al- Fârâbî jugeait supérieure la musique vocale à la musique instrumentale.

L’historien
al-Mas’udi, au IVe H./Xe ap.J.-C. décrit les premières manifestations du chant chez les Arabes :
« Le chant du chamelier fut à l’origine du chant et des refrains. Le chant prit ensuite de plus grands développements dans les lamentations funèbres des femmes. A part les Persans et les Grecs, il n’y a pas de peuple qui ait plus de passion pour le chant et l’émotion ( tarab) qu’il procure que les Arabes. Leur chant profane s’appelle nasb. »


Unités de rythme
Nasir al-Kalbi,
Bulugh al-awtar
Le Caire, Bibliothèque nationale d’Egypte,
cote musiqa taymur arabi 12

Transposition du maqâm en notes de base
Michaïl ibn-Girgis ibn Ibrahim,
Article de Chihabiya sur la définition des mélodies
Le Caire, Bibliothèque nationale d’Egypte,
cote musiqa taymur arabi 21

Les gammes (maqâmât) de la musique arabe se composent, tout comme les gammes occidentales, de huit sons séparés par sept intervalles. Le premier son (qarâr) et le huitième (gawab) sont égaux, le premier étant plus bas que le huitième.

En revanche, un
maqâm a une structure interne différente. Chaque maqâm se divise normalement en deux tétracordes (soit en grec, quatre tons) qui sont nommés d’après les genres principaux de la musique arabe et composés de trois intervalles, dont la mesure peut être 1/2, 3/4, 1 ou 1 1/2 . Ils nous rappellent les modes grecs de l’Antiquité.

Un maqâm se définit donc par la combinaison des genres dont il est composé aussi bien que par le son de base (qarâr). Par exemple, les intervalles du genre bayati sont : 3/4 +3/4 + 1 en partant de n’importe quelle note, tandis que le maqâm bayati se base sur la note Ré (dokah) et se compose du genre bayati suivi du genre nahaouande (1 + 1/2 + 1) et d’un septième intervalle qui accomplit l’octave.

Hoda Issa, groupe Qithara


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