accueilttt Former


Les poèmes didactiques

Destinés à être récités par les étudiants, les poèmes didactiques concernaient l’ensemble des disciplines scientifiques (médecine, mathématiques, géographie, astronomie, musique, etc.) et avaient l’avantage de faciliter la mémorisation.

Ibn Sina (Avicenne) et ses étudiants
Manuscrit de médecine
Iran XIIe siècle H. / XVIIIe siècle ap. J.-C.
Le Caire, musée d’Art islamique, n°inv.14709

Poème sur la médecine :

« La médecine, c’est préserver la santé, guérir la maladie de l’homme
ayant une cause dans le corps et déclaré par des symptômes
(…)
Les symptômes transparaissent à travers les actions
et les états qui surviennent à l’organisme

Et en toute sécrétion comme le crachat,
l’expectoration, la sueur et l’urine

Quelque analogue que soit l’action
elle est atteinte par trois défauts

La faiblesse, l’absence ou l’altération
et chacun a son explication

Sa faiblesse est comme celle de la vue
et si elle cesse, c’est l’aveuglement

Et si elle change
on voit ce qui ne se voit pas

De cet exemple, l’on déduit
tous les symptômes des actions

Le symptôme est décelé
par les états que subit parfois le corps

Il est dans certains cas perçu par la vue
tels l’ictère et la flatulence

Par l’oreille dans d’autres cas
comme l’agitation du ventre en état de grossesse

Il est parfois senti telle la putréfaction
lorsque de puanteur les blessures sont atteintes

D’autres symptômes sont révélés par la saveur
telle une personne atteinte dans la bouche d’une aigreur

D’autres sont saisis par le toucher
tel le cancer dur à la palpation

Les symptômes que révèlent les excrétions
sont aussi par les sens saisis
C’est l’urine rouge ou noire
et l’expectoration sanguinolente ou foncée

Ainsi que celles qui par la gorge sont expulsées
l’haleine, l’éternuement et le hoquet

Le vomissement peut survenir à une personne souffrant d’une aigreur
de vésicule biliaire ou de spasmes

La puanteur de l’urine dénote
des ulcères de la vessie

Et la sueur permet de constater
si sa raison est le froid ou la fièvre, si elle est dense ou légère

Sont ainsi les symptômes que manifeste la maladie de l’homme
Nous en avons des preuves
»

En médecine, les témoignages des médecins tels que Hunayn ibn Ishâq (IIIe H. / IXe ap. J.-C.) et ibn Butlân (Ve H. / XIe ap. J.-C.) nous donnent des informations très précises sur la façon dont la médecine était enseignée. Un des disciples récitait le livre étudié devant le maître ; ce dernier commentait les passages qui étaient enregistrés successivement par les autres disciples.
Au Ve H. / XIe ap. J.-C., la transmission par audition en médecine se trouva au cœur de la célèbre controverse entre les deux médecins, ibn Butlân et ibn Ridwân. Ibn Bûtlan estimait que le transfert des connaissances du maître au disciple était plus aisé que celui du livre au disciple. Le maître pouvait remplacer un vocabulaire complexe par un vocabulaire compris de l’élève. Par la récitation, le disciple recevait le savoir par l’intermédiaire de deux sens, l’ouïe et la vue, ce qui facilitait la compréhension et la mémorisation. Ibn Ridwân y opposa des arguments en faveur des livres dans la transmission du savoir.


En cartographie maritime, les poèmes d’ibn al-Majîd ont servi à des générations de marins. La plupart de ces traités nautiques sont versifiés afin de faciliter la mémorisation.
Dans une de ses œuvres principales, al-Hâwiyya, ibn al-Majîd indique qu’il a puisé dans les poèmes en vogue à son époque, notamment dans les poèmes de trois pilotes, ibn Kahlân, Sahl ibn Abbân et Muhammad ibn Sadan. Ibn al-Majîd se repose sur la tradition orale transmise de pilote en pilote dans tout l’Océan Indien et bien sûr sur son expérience personnelle.

Dans une autre de ses œuvres, la
Sofaleya, il écrit :

« Contemple cette « Sofaleya »
Crois-moi, au sud, elle te servira de guide

Rien n’est plus complet ni plus exact
Dans la description de ces routes

Sept cent vers et un de plus
Apprends-les d’Ahmad al Sa’di

Et serai-je mort ou vivant
Prie pour moi le miséricordieux

Je les ai si bien décrites que le capitaine de ces contrées
Pour mieux s’y retrouver, s’adresse à moi

Il est certain que celui qui a vu de ses propres yeux
Inspire confiance aux gens

Je jure par le Prophète qu’ils m’ont fait confiance
Et ne se sont point fiés à ceux qui ont visité ces contrées

Il suffit d’une question bien posée
Pour que j’en décrive instantanément

Les tribus, les terres et les mesures
Le vent, la saison puis les habitants

Et ensuite les lieux et les chemins des îles
Le tout minutieusement vérifié
»

Poème de
ibn al-Majîd, Sofaleya
Traduit par Hanaa Badr


Poème didactique sur l’algèbre
Ibn al-Bannâ,
Résumé des œuvres arithmétiques
Le Caire, Bibliothèque nationale d’Egypte,
cote riyada mim 33
Poème didactique sur la musique
Auteur anonyme,
Le Livre de la musique
Le Caire, Bibliothèque nationale d’Egypte,
cote musiqa taymur arabi 16

+ d'infos sur :
les savants les thèmes
Ibn Sina (Avicenne) les débats
Hunayn ibn Ishâq
Ibn Butlân
ibn al-Majîd

Les maisons
de la Sagesse

Les poèmes
didactiques